Jean-Bertrand Sire



Sire naît en 1926 à Aspet (Haute Garonne) et aime à rappeler son appartenance à la terre gasconne. Il fait ses humanités à Toulouse puis « monte » à Paris en 1946 où il entre dans la petite académie de Fernand Léger.

Sa première exposition a eu lieu à la galerie Jeanne Bucher à Paris en 1947. Il exposera régulièrement à Auxerre mais aussi à Paris, Oslo, Chicago, Le Caire, Bratislava. En 1979, le musée d’Auxerre lui consacre sa première rétrospective.

Sa dernière rétrospective (Une vie de peintre) s'est déroullée  l’été 2013 à Auxerre en l’abbaye Saint Germain.

En 2018, il se retire définitivement en Ardèche où il est décédé le 23 novembre 2021.

Auxerre 2013

Une vie de peintre, une vie à faire frémir un regard, une vie à contempler, une vie à lever les yeux sur la beauté... Des Fenêtres, des Villes, des Orchestres, des Auto-portraits et aussi, encore et toujours, la Femme, dans sa majesté, magnifique et colorée, ronde, aimante et parfois luxurieuse... Toute une vie de peintre, toute une oeuvre de peintre auxquelles la ville d'Auxerre a rendu hommage l'été 2013 lors d'une rétrospective dans l'Abbaye Saint-Germain...

La musique



Le bleu vibre sur le vert. C’est toujours ainsi quand un prélude à la française résonne à la viole, le bleu vibre sur le vert. Jamais l’inverse, jamais le vert sur le bleu. Ça, Sire l’a compris en écoutant Elisabeth Matiffa jouer un prélude de Marin Marais. C’est pourquoi le bleu de sa robe, lui aussi, l’emporte sur le vert. Il s’impose, il domine. Parce que le bleu c’est le ciel, c’est l’infini de l’espace interstellaire, comme la viole, cet instrument qui prend ses sons dans le fond des abysses et les emmène au-delà de la lune. Une viole sonne bleue, toujours, comme un jour d’été, comme un jour d’hiver sans nuage, un jour d’automne caniculaire, un jour de printemps prometteur. Même si elle est de couleur bois, la viole sonne bleue. Monsieur de Sainte Colombe composait bleu, Forqueray, Tobias Hume, Diego Ortiz, William Byrd et tant d’autres composaient bleu. Et les cinq personnages en arc autour de la gambiste, qui, par déférence à l’égard de la musicienne ne portent de bleu que leurs sous-vêtements, chantent à l’unisson un si bémol, la note bleue par excellence. Juste une petite note à la clarté contemporaine, à la fragilité du Sèvres, un peu pervenche, un peu pastel.

Une gamme à la viole de gambe, c’est un chromatisme bleu, la couleur la plus précieuse, la plus difficile à trouver, la plus rare. Dans le grave, sur la première corde, rond et chaud, on reconnaît facilement l’azurite. Un ton plus haut, le bleu d’Alexandrie, puis l’indigo. Viennent ensuite le cobalt, le smalt, le bleu de Prusse et le céruléum. Un peu plus aigu, le bleu de phtalocyaline et, quand le musicien est digne de ses maîtres, le bleu Klein, essentiellement monocorde.

Le tableau de Sire nous fait entendre précisément le bleu de Métylène, avec une petite variation en forme de blues dont la modulation en bleu de bromothymol laisse pantois les mélomanes les plus blasés. Et chacun remarquera la petite touche de bleu Dauvergne, si versaillaise.